Les étudiants qui nous contactent nous avouent être complètement désabusés. Ils ont de bonnes notes, même excellentes. Ils obtiennent d'excellentes appréciations en stage. Ils valident toutes leurs unités d'enseignement. Ils s'acharnent avec assiduité à comprendre ce qu'est le soin et appliquent du mieux qu'ils le peuvent cet enseignement en stage. Pourtant, ils échouent. Ils échouent car ils se retrouvent victimes d'abus de pouvoir et ne comprennent pas pourquoi le système les rejette avec souvent beaucoup de cruauté.

Sur cette page, nous allons vous expliquer pourquoi vous êtes une victime. Nous allons briser le tabou en vous expliquant un certain nombre de règles qui régissent le milieu et que vous avez très certainement enfreintes ou sous-estimées.

Règle n°1 : votre cadre formateur n'est pas un pédagogue qui va vous accompagner et vous soutenir au cours de vos études. C'est un cadre de santé et en tant que tel votre futur supérieur hiérarchique. En tant que supérieur hiérarchique, il attend de vous tout le respect dû à son grade et vous ne devez bien sûr jamais le contrarier ou oser mettre en doute son autorité.

Règle n°2 (qui est un corollaire de la règle n°1) : Ce que vous enseigne le formateur est la réalité. A l'IFSI, votre formateur récite le manuel du parfait infirmier dans le meilleur des mondes du soin. Malheureusement, vous avez pu vous rendre compte en stage que les infirmiers ne sont pas parfaits et que le monde du soin est loin de ressembler à ce qu'on vous enseigne. Vous ne devez jamais rappeler au formateur ce décalage énorme entre le soin académique qu'il enseigne et le soin réel pratiqué sur le lieu de stage.     

Règle n°3 : l'administration ne désavoue jamais un pair. Très souvent, les problèmes d'abus de pouvoir proviennent d'un simple conflit de personne entre l'étudiant et un formateur. Un tel conflit pourrait très rapidement se résoudre si un autre formateur, la direction de l'IFSI ou le responsable pédagogique de l'ARS intervenaient en médiateur. Mais ce n'est jamais le cas. Le formateur a automatiquement raison et ne sera jamais remis en cause par son administration peu importe le contenu de son argumentation. Cette règle conforte les formateurs dans leur toute-puissance et est la raison essentielle de l'existence d'ADDESI : faire contrepoids à cette corporation.

Pour illustrer ces 3 règles que nous énoncons, nous allons utiliser un article rédigé en 2003 par une directrice d'IFSI intitulé "Responsabilité et prise de décision dans le cadre d'un Institut de formation en soins infirmiers". Dans cet article, une élève aide-soignante, lors d'une MSP (Mise en Situation Pratique), donne un médicament prescris à un patient. Le formateur, qui l'observe et la note, lui met un zéro. Motif : une aide-soignante donne un médicament ce qui est hors de son champ de compétences. Pourtant, l'élève va se plaindre de sa note à la directrice. Elle n'a fait qu'exécuter le soin tel qu'il est pratiqué par toute l'équipe soignante du service. Elle a d'ailleurs le soutien de l'équipe dans sa plainte. Néanmoins, la directrice décidera de soutenir son formateur qui n'a pas su s'adapter au service. En lisant l'article, vous réaliserez en quel point la directrice est bien plus soucieuse de préserver son formateur que son étudiante. Si l'étudiante durant son stage avait refusé de faire ce soin selon les habitudes du service et conformément aux règles du formateur, elle se serait exclue de l'équipe soignante.     

En tant qu'étudiant, vous vous devez de connaître et de comprendre ces 3 règles pour survivre dans ce monde hostile que sont les études en soins infirmiers.

En tant que futur soignant, vous ne devez jamais accepter de vous soumettre à ces règles. Vos aptitudes à soigner les patients en pâtiraient énormément. Le respect de la hiérarchie administrative et médicale serait plus important que la sécurité des patients et vous ne protégeriez jamais un patient contre un soignant incompétent, malintentionné ou pas en état de pratiquer le soin. Nous nous permettons de citer en exemple une erreur médicale qui a été assez médiatisée car elle a conduit au décès de la patiente durant son accouchement. L'anesthésiste était alcoolique et s'est présentée devant la patiente dans un état "anormal". Néanmoins ses collègues présents n'ont rien fait pour l'empêcher de pratiquer l'intubation qui a perforé l'oesophage. Comment cela est il possible ? Que serait il arrivé si une infirmière se serait interposée pour empecher le médecin d'approcher la patiente ? 

Vous ne devez pas céder à l'esprit corporatiste, ni cesser de vous remettre en cause et vous refermer sur votre fonction.

Entre toutes ces règles, il existe un espace étroit dans lequel vous pouvez étudier, préserver votre authenticité, développer une autonomie du soin. A vous de le trouver.